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Débat au Schwules Museum

Dimanche 10 décembre 2017, le Schwules Museum (le Musée de l’homosexualité) organisait un débat intitulé « Perspektiven auf Promiskuität und die Zweckentfremdung öffentlicher Orte » avec la réalisatrice Manuela Kay, co-organisatrice du célèbre Berlin Porn Film Festival et créatrice de la revue lesbienne L.Mag.

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Manuela a diffusé une séquence de son premier film érotique lesbien intitulé Airport, réalisé en 1994 : la séquence en question (étonnante, drôle, poétique), tournée dans les toilettes pour femmes d’un aéroport montrait ce qu’aurait pu donner l’équivalent des vespasiennes pour hommes. Lors du débat, évidemment la question s’est posée de savoir pourquoi les lesbiennes n’ont jamais investi les toilettes pour femme afin d’en faire des lieux de rencontres sexuelles et anonymes.

Ci-dessous : Manuela Kay et Marc Martin (curateur de l’exposition Fenster Zum Klo, Toilettes publiques, histoires privées qui a lieu au Schwules Museum)

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Conférence à Berlin, dimanche 10 décembre

Dimanche 10 décembre, je suis invitée au Schwules Museum (le Musée de l’homosexualité) pour un débat avec la réalisatrice Manuela Kay, sur le thème de la rencontre dans les espaces de promiscuité plus qu’intime (les vespasiennes). Cette conférence s’inscrit dans le cadre de l’exposition  Fenster zum Klo, Toilettes publiques, histoires privées montée par le photographe Marc Martin.

J’en ai profité pour enregistrer une conférence qui sera diffusée sur le site du Schwules Museum en 2018. Mon intervention portera sur le Japon qui se targue d’avoir inventé les premières toilettes publiques urbaines, trois siècles avant les Occidentaux modernes : elles sont appelées tsuji benjo, c’est à dire « toilettes de coins de rue » 「辻便所」et elles servent à collecter les précieuses excrétions, revendues aux paysans pour être transformées en engrais naturel.

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Emission sur France Culture : « Désirs humains d’inhumain »

Je suis interviewée en compagnie d’Emmanuel Grimaud (anthropologue) et Jean-Philippe Carry (créateur de la filiale française de l’entreprise 4Woods), entre autres intervenants sur la question des ersatz d’humains et des love doll : qui les achète ? pourquoi ? que signifie vivre avec ?

Désirs humains d’inhumain : un documentaire d’Alain Lewkowicz sur France Culture, diffusé en deux parties, les 2 et 3 décembre 2017, dans le cadre de l’émission Une histoire particulière.  Première partie : « Love dolls : le plastique c’est fantastique ». Deuxième partie : « Robots, humanoïdes : la vallée de l’étrange« .

Conférence aux “Jeudi du Japon”, Université de Toulouse

Ma conférence filmée – « Des poupées de silicone aux poupées de silicium: le concept de “dimension” au Japon » – est en ligne  sur le Carnet « Les Mondes japonais » créé par l’équipe de recherche et d’enseignement des études japonaises de l’université de Toulouse – Jean Jaurès. Cette conférence a eu lieu dans le cadre du cycle Jeudi du Japon, organisé par le Centre d’Etude Japonaise (CEJ) Antenne de Toulouse, le 23 novembre 2017. Merci à Christian Galan pour son invitation et à Yves Cadot qui a filmé la conférence.

Interview dans Le Point

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Lien vers l’entretien : ici

Pourquoi « préférer » un boyfriend virtuel ?

Pour quelle raison une part croissante de la population au Japon se tourne-t-elle vers les petits copains virtuels et les simulacres affectifs ? La vidéo de mon passage au Colloque « Érotisme et radicalisation » (27 octobre 2017),– organisé à la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord, par Pierre PHILIPPE-MEDEN (Lyon 1, L-ViS, EA7428) et Jean-Marie PRADIER (Paris 8) – est aujourd’hui sur YouTube.

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Elle dure 54 minutes. J’y dissèque l’idée reçue selon laquelle les personnes qui entretiennent des relations affectives avec « la deuxième dimension » sont désocialisées, immatures ou perverses, en allant aux racines du discours.

Mon intervention : « Jouer » au pervers. Scénarios hentai et radicalité au Japon.

8 nov. 2017 : Futurs Pluriels à Sciences Po

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Daniel Kaplan m’invitait mercredi 9 novembre à son séminaire de Sciences Po, Futurs Pluriels, en compagnie de Catherine Dufour (auteur de science fiction, spécialiste des tendances technologiques) et Brigitte Munier (maître de conférences à Télécom ParisTech, directrice de l’ouvrage Technocorps, La sociologie du corps à l’épreuve des nouvelles technologies), dans le cadre d’une séance dont le thème était « Corps, genre : les nouvelles frontières du moi ».

La poupée: une « forme de vie » au Festival Filosofia ?

Je suis invitée à faire une lectio magistralis (c’est ainsi qu’on me présente la chose) au festival Filosofia, qui tiendra sa dix-septième édition dans les villes de Modena, Carpi et Sassuolo du 15 au 17 septembre 2017.

Lancé en l’an 2001 à l’initiative d’un Comité d’organismes publics et privés, le festival est unique dans son genre :  il est construit « comme un grand événement qui concentre en trois jours une multiplicité d’initiatives  – leçons et débats, lectures et dramatisations, expositions, installations et performances – toutes centrés autour d’un thème d’analyse unique. »
Le festival registre une extraordinaire participation de public (presque 200.000 visiteurs en 2016). L’édition 2017 sera entièrement dédiée aux Arts.

Mon intervention, dimanche 18 septembre à 10h, à Carpi, abordera la question du corps des poupées en tant que forme de vie nouvelle. Elle sera doublée en Italien. Je suis d’autant plus heureuse et impatiente d’y participer que les conférenciers du festival Filosofia, entre 2001 et 2016, comptent beaucoup de mes idoles : Jean-Loup Amselle, Marc Augé, Etienne Balibar, Hans Belting, Derrick De Kerckhove, Philippe Descola, Marcel Detienne, Georges Didi-Huberman, Jonathan Friedman, Jack Goody, Peter Greenaway, Hans Ulrich Gumbrecht, Nathalie Heinich, Agnes Heller, James Hillman, Eva Illouz, Luce Irigaray, François Jullien, Bruno Latour, Charles Malamoud, Jeremy Rifkin, Marshall Sahlins… Mama mia !

Prix du livre ICAS-GIS Asie : Un Désir d’Humain « distingué »

Un Désir d’Humain a reçu une Distinction du Prix du livre ICAS-GIS Asie : il fait partie des 5 ouvrages sélectionnés par le jury. Ce jury était composé de quatre experts ans le domaine des études asiatiques : Valérie Gélezeau (EHESS) , Vincent Goossaert (EPHE), Loraine Kennedy (CNRS) et Michael Lucken (INALCO).

Le prix du livre ICAS – crée par l’International Convention of Asia Scholars en 2004 et remis tous les deux ans – n’était jusqu’ici décerné qu’à des livres en anglais. Pour la première fois en 2017, ont pu être récompensés les meilleurs livres en français (mais aussi en allemand, chinois, japonais et coréen).
Organisée par le GIS Asie, l’édition française du prix du Livre ICAS a eu lieu lors du 6e Congrès Asie, le mercredi 28 juin. Le plus drôle… c’est que je n’ai reçu aucun courrier. Je n’étais pas au courant. La nouvelle est tombée, par hasard, en lisant la Newsletter du GIS Asie lundi 7 août.

Prix du livre ICAS 2017

Poupée en silicone : « ça a été le coup de foudre »

Le 30 juin 2017, l’AFP fait circuler un reportage illustré – qui cite Un Désir d’Humain – concernant le cas inouï d’un homme marié et père d’une adolescente ayant « imposé » une poupée de silicone à la maison. C’est la première fois que j’entends parler d’un cas aussi extrême. L’épouse accuse le coup : elle se sent rabaissée au rang de simple femme de ménage. L’époux, lui, ne s’occupe plus que de sa poupée bien-aimée. Il faudra que j’aille le rencontrer lors de mon prochain séjour au Japon : jusqu’ici, les propriétaires étaient des célibataires (hommes ou femmes). L’achat d’une poupée avait la valeur d’un signal fort à mi-chemin entre l’invocation d’une présence aimante, le renoncement au modèle dominant de la réussite et la déclaration de guerre au système qui accule une frange croissante de personnes au célibat. Pour Masayuki Ozaki, cité dans le reportage, la poupée devient un moyen d’humilier l’épouse et à travers elle les femmes (injustement) désignées comme coupables de la crise que le Japon traverse actuellement…

Bien que cet usage paraisse nouveau, il ne l’est pas vraiment : la poupée reste fondamentalement un élément de langage, utilisé pour « dire » quelque chose aux autres. Contrairement à ce que le journaliste explique, il ne s’agit pas de remplacer des humains par des objets. Il s’agit de communiquer avec les humains sans l’aide de mots. Pour le dire plus clairement : la love doll est l’équivalent d’un T-shirt marqué « No Futur ». Une façon ostentatoire de faire passer le message.

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Il est regrettable que le « message » de Masayuki Ozaki ne soit traduit qu’en termes bruts : sous des dehors provocateurs, il est riche de significations et de contradictions qui auraient mérité une analyse plus fine. Encore une fois, les médias font le choix du spectaculaire et préfèrent monter des microphénomènes en « tendances lourdes », flirtant avec la désinformation et la morale bon marché. Que penser, par exemple, de ce sous-titre : « Déçus par les femmes et leur «égoïsme», de plus en plus d’hommes craquent pour des versions artificielles« . Faux. La réalité c’est que le marché de la love doll est relativement saturé au Japon : il s’en vend 5 fois moins que dans les années 2000, car ces objets ne concernent qu’une catégorie marginale de la population (entre 0,009 et 0,007%). Le cas de Masayuki Ozaki est l’exception. Une exception révélatrice, oui. Mais il faudrait cesser de dire que les love doll « sont populaires parmi les veufs, les handicapés et d’autres personnes qui cherchent en elles un réconfort. » Ca, c’est le mensonge marketing tel qu’il a été mis en place par la firme Orient Industry dans les années 1980-1990 pour justifier la production des love doll. Je me répète peut-être mais… NON, le profil des utilisateurs ne correspond pas à celui des hommes en manque qui se consolent par dépit ou par défaut avec une poupée. Il faudrait que le message passe : la poupée n’est pas un substitut d’humain. La poupée est un message crypté envoyé aux humains, un code, un signal, un moyen de contester l’ordre.

La dépêche de l’AFP a été reprise ici : dans LE MATIN (quotidien suisse), dans 20 MINUTES (gratuit suisse), sur la TRIBUNE DE GENEVE, dans Le Parisien, L’Est Républicain et dans d’innombrables revues anglo-américaines : Daily mail, The Sun, Wild941, Straitstime, Face Punch, etc.

Dans les versions anglo-saxonnes, tout ce qui concerne ma recherche a été supprimé et une phrase rajoutée : « As Japan struggles with a plummeting birthrate, a growing number of men – known as ‘herbivores’ – are turning their backs on love and traditional masculine values for a quiet, uncompetitive life« . Traduction : au Japon, les hommes sont des égoïstes démissionnaires qui, refusant de participer à l’effort de reproduction national, se réfugient entre les bras des poupées parce que elles, au moins, sourient quand ils rentrent du travail. Il est affligeant de lire, encore et toujours, la même stupide antienne, profondément marquée par le méconnaissance de la réalité japonaise… saluée par des salves de commentaires racistes et haineux (voir ici sur Times lives).