« FANTASIA EROTICA JAPONESA »
Dates : 9 octobre – 11 décembre 2008
Lieu : ARTZ 21 – 21 avingunda Marquès de L’argentera – 08003 Barcelone – Espagne
Commissaire d’exposition : Agnès Giard
Photos de l’exposition : [imgset:72157607927033222,square,true]
Artistes
Les artistes exposés à La galerie ARTZ 21 sont parmi les plus représentatifs de la nouvelle génération. Et chacun, à sa manière, s’affirme comme l’héritier d’une tradition esthétique et philosophique basée sur la notion essentielle du En : le lien. Au Japon, pays des avatars avant l’heure, il existe 70 manières de dire “je”, chacune déterminée par le rapport qu’on entretient avec l’autre, qu’il s’agisse d’un homme, d’une femme, d’un supérieur hiérachique, d’un dieu, d’un mort, d’un objet ou d’un animal… L’individu ne se définit qu’en réseau et possède plusieurs visages, à l’image finalement de ces bouddhas dont les 11 têtes symbolisent les 33 transformations et dont les 42 bras (qui en représentent mille) se dressent à travers 25 mondes pour embrasser la totalité de l’être… C’est cet être aux multiples et amoureuses formes, à qui l’existence est donnée comme un immense terrain de jeux, que les artistes japonais poursuivent. Colorées ou mélancoliques, gaies ou inquiétantes, leurs oeuvres explorent un univers de fantasmes qui cotoient le sacré et flirtent avec l’invisible.
Introduction
La pensée en Occident effectue toujours un mouvement qui va des ténèbres vers la lumière : c’est la raison solaire, cartésienne, objective, qui constitue la valeur suprême. Au Japon, où l’on cultive depuis des siècles l’amour de l’ombre et des chemins détournées, la vraie voie mène vers les zones brumeuses, lunaires ou laissées “en blanc” qui sont celles de l’expérience intérieure. Dans ce pays qui accorde la primauté aux émotions, les sentiments humains constituent la plus précieuse des richesses, au point qu’il existe même des mots pour en désigner la beauté. D’un moment bouleversant, on évalue le degré de poignance en utilisant des termes qui servent chez nous à juger des qualités artistiques d’une oeuvre. On parlera de “perfection” ou de “pureté émotionnelle”… C’est dire si l’art est une obsession au Japon. Même le fait de peler une pomme, de trancher un bambou ou de prononcer la phrase “Aï shiteru”, “Je t’aime” y est soumis à des contraintes formelles qui assimilent le moindre acte – y compris le plus prosaïque – à un instant de vérité absolu.
C’est ce lien entre l’art et l’érotisme – entre la beauté et la vie – que cette exposition tente d’explorer, à travers les oeuvres de dix artistes venus du Japon et de trois artistes occidentaux.
Cette exposition s’articulera autour d’environ 100 oeuvres d’art représentatives des différents courants de l’art contemporain japonais et associées à des animations : atelier de poupée (kansetsu ningyo), projection de vidéos artistiques japonaises, débats-rencontres, exposition de love-dolls et de poupées Pullip…
PREMIERE PARTIE DE L’EXPOSITION : UKIYO-E ET MODERNITE
Issue de la subculture pop nippone, celle des poupées kawaï aux grands yeux pleins d’étoiles et des mutants gluants, Junko Mizuno, Asako Hayashi et Nishimaki Toru ouvrent la voie d’un nouveau mouvement artistique : celui des manga-lolitas rebelles, qui dessinent des tueuses mignonnes et frippones (cuty & naughty), exquisement sanguinaires.
UN SI DOUX VISAGE : JUNKO MIZUNO
Née le 27 mai 1973 près de Tokyo
Décoratrice de night-clubs, graphiste et designer tout-terrain (CD, T-shirts, sites internet, défilés de mode, poupées), Junko Mizuno est la plus subversive des auteures de manga. Dès son premier album « Pure Trance », en 1989, elle détourne les manga de magical girls – Sailor Moon version trash – sans jamais se départir d’un graphisme totalement enfantin : avec leurs yeux miroitants et leur visage innocent, ses héroïnes s’inscrivent en droite ligne de l’esthétique « kawai ». Traduction : c’est « mignon »… à quelques détails près. Dans les bandes dessinées de Junko, les héroïnes sont armées de fémur humain et de sextoys… Junko Mizuno a également publié Hell babies, Cinderella, La petite sirène, Pulp et quelques autres recueils d’histoires sanglantes remplies de pin-ups survoltées. Succès oblige, Junko Mizuno a même signé la couverture du dernier best-seller de Virginie Despentes – Bye bye Blondie – un roman qui parle, comme elle, de guerrières destroy aux minois d’ange. Junko Mizuno est une star internationale. Elle fait des expositions dans les galeries d’art les plus prestigieuses d’Italie, des USA, de France et d’Allemagne, véritable ambassadrice d’un pussy power asiatique aux airs trompeur et enchanteur.
WHO KILLED BAMBI ? : ASAKO HAYASHI
Née le 14 janvier 1983, à Tokyo
Issue de la génération Kawai (mignon), Asako cultive avec délices l’amour des couleurs pastel, roses et des images de petites filles ou de poney aux grands yeux plein d’étoiles. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Cette candeur sucrée fonctionne comme un piège. Dans les tableaux de cet artiste prolifique – lavis faussement ingénus et gravures sur cuivre imitant les images de livres pour enfant – de multiples détails viennent démentir l’innocence de façade : ces images se présentent comme des scènes de crime sexuel. A nous de chercher les indices de ce crime et de faire avouer ces oeuvres remplies d’une douceur empoisonnée. Asako est la muse du peintre Nishimaki Toru. Elle lui sert de modèle et joue dans ses vidéos, généralement le rôle d’une petite fille pas sage qui brûle son gâteau d’anniversaire au fer à souder ou qui piétine des confiseries d’un air souriant.
ANTI-POUPEE BARBIE : NISHIMAKI TORU
Né le 11 octobre 1964
Tracées au crayon très fin puis frottées et retravaillées jusqu’à la maniaquerie, les oeuvres de Nishimaki tournent avec jubilation autour du désordre et du gaspillage. « Je représente l’univers où je voudrais être : Fukuga, un monde fait de plaisir (fuku : le bonheur. Enga : sensuel)… C’est un monde rempli à profusion de jouets pour adultes et de sucreries. Un monde pervers et polymorphe comme ce petit personnage de pieuvre que je mets dans tous mes tableaux. » Nishimaki est aussi expansif que son oeuvre, prodigal, débordant. « Je peins l’Utopie du plaisir », dit-il, résumant en une phrase fulgurante ce plaisir de saccager, dilapider, dépenser sans compter, à profusion, dans une débauche d’énergie vitale qui nous fait presque toucher du doigt l’idée de la fête sacrée (matsuri), qui consiste à mimer l’acte fécondateur des dieux pour que le monde triomphe de la mort.
Toru a publié un livre en français « Décomposition splendide » (éd. Magnus) et un autre en Japonais : Kurogiga-ka (« Caricature Noire »).
TRIOMPHE DU PLAISIR : KANA YOSHIDA
Née le 3 décembre 1983 à Tokyo
Issue d’une famille chrétienne, Kana tient d’abord une sorte de journal intime fait de petits coeurs et de souvenirs romantiques. Inhibée, honteuse, elle dessine en secret des images de femmes nues qui dévoilent peu à peu leur anatomie. “D’abord, je dessinais des fleurs pour masquer leur sexe, en m’inspirant de Matisse. J’ai ainsi inventé beaucoup de fleurs qui n’existent pas. Mais, depuis 2006, je n’ai plus honte. Je dessine des vulves épanouies qui se déploient de plus en plus triomphalement dans mes peintures.” Diplômée de l’école d’art et de design de Tokyo, elle réalise des tableaux à l’acrylique ou à la peinture à l’huile qui sont comme des manifestes. Ses modèles s’y masturbent avec jubilation, dans des couleurs chaudes, lumineuses et solaires.
DEUXIEME PARTIE DE L’EXPOSITION : BEAUTE ET FRAGILITE
La poésie de l’impermanence, qui hante la pensée japonaise depuis un millénaire, situe l’émotion dans une harmonie entre l’homme et la nature. Tout tremble, clignote, dérive ou tombe. Tout bouge, rien ne reste immobile et éternel. Curieusement, ce sont les artistes les plus modernes – graphistes numériques ou auteurs de mangas – qui se sentent le plus proche de cette culture de l’éphémère. A travers leurs images, l’ancienne esthétique de l’impermanence rejoint la culture moderne de l’instantané et du provisoire.
LES PETITES COPINES VIRTUELLES : HIBIKI TOKIWA
Né en 1966
Photographe et designer graphique à Tokyo, Hibiki Tokiwa a signé les campagnes de marques aussi prestigieuses que Docomo ou Shiseido. On lui doit la maquette des albums de Denki Groove, Stereo Lab, Yann Tomita, etc. Dj international, régulièrement invité à Paris ou Londres, il a également participé à des remix de Pizzicato Five, Cornelius et YMO et il fait partie de plusieurs groupes de musique pop-électro : Space Ponch et Midnight Bowlers (aux côtés de quelques stars japonaises). Ses portraits de jeunes filles normales, qu’il rencontre aux hasard des soirées technos, prises au fishe-eye – avec un effet de loupe – ont profondément influencé la photographie au Japon : “Je veux créer un sentiment de proximité avec ces jeunes filles, comme si elles étaient votre petite amie, explique-t-il. Mais je fais toujours en sorte que les jeunes filles aient l’air un peu désorientées, tristes, solitaires, car c’ets cela qui émeut profondément les hommes au Japon.”
Hibiki Tokiwa a publié au Japon de nombreux albums à succès : “Sloopy Girls” “Freedom of Choice” “Girl Friends” “Girl Friends 2” “Girl U WANT” “Rolexibition” et plus… Il a exposé au Japon et à Londres.
WABI SABI : GENGOROH TAGAME
Né le 3 février 1964
L’auteur de mangas Gengoroh Tagame transpose dans l’univers masculin cette poésie du sabi qui fait de la fleur de cerisier l’emblème des samourais : parce qu’elle tombe au moment même où elle éclot. Au Japon, une fleur n’est belle que lorsque menacée de disparition. Une femme n’est émouvante que lorsqu’elle est meurtrie. A cette sensibilité délicate et mélancolique on a donné le nom de sabi. Le mot sabi signifie « rouille », « patine », puis par extension « goût pour le sentiment du passage du temps sur les choses.
Gengoroh se définit modestement comme un « artiste érotique gay », mais c’est le plus connu de tous, pour la puissance de ses récits d’initiations violentes. L’esprit du bushido (le code d’honneur des guerriers) imprègne ses images, inspirées par les estampes de Yoshitoshi, par la mythologie gréco-latine peuplée de centaures et par les comics remplis de super-héros musclés. Né dans une famille samourai, élevé suivant les règles d’une éducation traditionnelle, Gengoroh s’inspire de l’idéal de droiture et de puissance virile pour composer des récits imprégnés de romantisme et de cruauté. Son compagnon, un acteur porno gay, travaille dans un club SM. Gengoroh Tagame publie des mangas, des illustrations et des nouvelles depuis 1986. Ses mangas les plus représentatifs : Shirogane-no-Hana et Pride. Il a participé à la création du magazine G-Men et a signé deux livres sur l’histoire de l’art homosexuel au Japon (Gay erotic art in Japan, tome 1+2). Ses mangas sont publiés en France en France chez H&O Comics.
CE MONDE N’EST QU’ILLUSION : YASUJI WATANABE
Né le 25 février 1966, à Kawasaki
Rédacteur en chef d’un magazine célèbre pour ses publications artistiques (Araki y collabore depuis 1979), le photographe Yasuji Watanabe y publie – sous le nom d’Amida (le bouddha) – des clichés décalés montrant des jeunes filles habillées en poupée, le visage fermé, la mine boudeuse, attachées dans des décors de conte de fée dysfonctionnels. Ses séries de bondage sont donc marquées par l’idée que nous sommes tous liés, dans cette vie aussi irréelle qu’un songe, à des passions qui s’effacent plus vite que des traces de corde sur la peau…
Yasuji Watanabe réalise également des vidéos érotiques de shibari, purs chefs d’oeuvres d’étrangeté onirique, succession de clips lents et doux tournés dans des paysages flous. Il a publié un livre aux éditions Reuss (“Tokyo Girls”) et ses photos ont été publiées par Taschen dans “The New Erotic Photography”.
TROISIEME PARTIE DE L’EXPOSITION : EROTISME ET EXORCISME
Beaucoup de Français trouvent que le Japon est un pays inquiétant, qui donne libre cours aux fantasmes les plus délétères et malsains… C’est par pure ignorance de l’aspect fondamental de l’érotisme au Japon : il est lié au sacré. Mimant l’acte fécondateur des dieux, les humains fertilisent la terre en dansant et en se laissant envahir par les puissances de la vie. Dans ce pays qui doit en permanence survivre aux tremblements de terre, la sexualité est le seul moyen de lutter contre l’angoisse de la destruction. Faire l’amour, c’est participer au combat contre la mort. C’est un rituel magique de conjuration, où l’on rejoue – en la simulant – la violence de ce combat primitif.
LA JEUNE FILLE ET LA MORT : DAISUKE ICHIBA
Né le 7 avril 1963
Dessinateur d’avant-garde la nuit, patron d’une friperie de Nakano (un quartier populaire de Tokyo) le jour, Daisuke Ichiba calligraphie des histoires sans paroles, à la façon d’énigmes zen (les Koan), dessinées à l’encre de chine et parfois réhaussées de peinture rouge. Il se définit comme un “violence bijin painter” : un peintre de la cruauté et de la beauté. Il met en scène ses obsessions sous la forme d’images étranges, surréalistes, marquées par la déréalisation. Son héroïne, une mystérieuse jeune fille en costume de collégienne, porte un pansement sur l’oeil et manipule un couteau. Errant sur le bord de la rivière de la mort, elle croise des créatures aux visages ornés de vagins carnivores. Daisuke Ichiba a publié de nombreux livres : “Ezumi”, “Hell”, “fingers and tongues”, “Bada”, “Minds of women”, “Namazuko”, “El suicidio del amor”, etc… Il a participé à plusieurs expositions en Espagne et en France.
COLLEGIENNES REBELLES : KAWORI INBE
Née le 29 novembre 1980 à Tokyo
Auto-didacte surdouée, Kawori photographie des scènes de fiction imbibées d’une certaine forme de désespérance… De jolies collégiennes en uniforme fixent son objectif d’un air arrogant, la joue tuméfiée. Des “bad girls” à la jupe retroussée posent sous le drapeau nationaliste. D’autres brandissent avec détachement une liasse de billets. Kawori photographie une jeunesse à l’abandon oscillant entre enjo kosai (prostitution des mineures) et violence défoulatoire. Ses photos ont été publiées dans le très célèbre magazine SM&Sniper.
En 2005, Kawori gagne le concours Epson et obtient le prestigieux prix APA (association des photographes de publicité). En novembre 2007, elle expose ses oeuvres au salon Nikon de Tokyo (exposition solo). En avril 2008, elle est sélectionnée pour faire partie d’une expo collective au salon Nikon d’Osaka et en juillet 2008, elle participe au “vice photo show” à Los Angeles, à la galerie Scion.
LES POUPEES AMBIGUES : BEE KANNO
Née le 30 août 1964
Bee Kanno fabrique des poupées à la Hans Bellmer, des kansetsu ningyo (poupées articulées) qui miment en la pervertissant l’idée qu’une femme pour plaire au Japon doit être une poupée…
Elle fait partie de ces sensei, les “maîtres” qui transmettent dans des petites écoles proches des arts martiaux, non seulement un art mais une vision du monde : elle enseigne l’art de fabriquer des kansetsu ningyo, des poupées d’argile blanche aux jointures articulées, dont l’esthétique s’inscrit à la fois dans la lignée de Hans Bellmer et dans celle des poupées-sortilèges de la religion shinto. Ces poupées irradient d’une puissance quasi magique. Ce sont des doubles érotiques, qui parodient le statut de la femme-objet et fixent le spectateur d’un oeil mimétique… Bee Kanno fabrique leurs yeux elle-même, avec des pupilles minuscules afin qu’elles aient le regard semblable à un miroir, chargé de désir ou d’ambiguité. Elle insère des dents de céramique dans leur bouche, des cheveux humains ou en fil de soie sur leur crâne, et elle leur coud des vêtements afin de parfaire l’illusion. Ces poupées qui ont parfois taille humaine semblent habitées par une présence.
QUATRIEME PARTIE DE L’EXPOSITION : MIROIR DU JAPON
Parce qu’ils ont épousé l’esthétique du Japon (et parfois mêmes ses femmes), trois artistes occidentaux – deux Français, un Suisse – participent à cet exposition avec des oeuvres qui éclairent l’érotisme nippon sous un jour inattendu. Un face à face ludique et révélateur de nos projections mentales…
JACK RISTO
Né le 25 mars 1955, à Alger
Pionnier de la vidéo artistique au début des anées 80, ancien collaborateur aux Cahiers du cinéma, il vit et travaille à Aix en Provence, fidèle à l’esprit punk : collage et détournement. Enseignant en vidéo-art et graphisme à l’école des Beaux-arts de Bourges, Jacques Risto applique depuis 2001 l’art du collage surréaliste au shibari : il suggère de nouvelles associations visuelles, poétiques et oniriques, en mélangeant des photos de Japonaises ligotées et des gravures de livres anciens. Il réalise aussi des portraits de jeunes Japonaises mystérieuses, en couleur, au regard plongé dans des pensées secrètes. Jacques Risto aime les dessins qui stimulent l’imagination. Il publie des livres qui associent des mots japonais et des images, dans le but de provoquer l’interrogation… Fasciné par les regards des femmes – qui reflètent « l’inconscience intérieure » -, il invente des charades métaphysiques et dessine des images qui ressemblent à des énigmes. Le SM, il ne le pratique pas. Mais pour lui, c’est une sexualité porteuse de fiction, d’émotion et de rêves…
Il a publié « Doki-Doki », une série très limitée de 10 exemplaires, : « Couples-scènes de vie conjugale au Japon » et “Notes sur le sumo”.
YONILAB
Né le 9 février 1975 à Annecy
Artiste numérique et peintre français, Yonilab fait partie de cette génération d’artistes nourrie au biberon de séries japonaises et de jeux vidéos. Ses tableaux joyeux, aux couleurs du bonheur, débordant d’allusions à ce qui rend les filles si incroyablement irrésistibles : les sucettes Chupa Chups, les flingues, les bikinis. Il travaille d’après photo et pratique couramment le détournement d’images érotiques téléchargées sur internet. A partir de ces photos, Yonilab fait de la peinture : il retouche, transforme, mixe afin de recréer un personnage singulier. Puis il passe sur la toile, à l’acrylique, jouant de transparences et d’aplats de couleurs comme s’il utilisait un logiciel Photoshop. Le tout retravaillé « street art », à l’aide de pochoir et de typos signalétiques… “Mon style est « pop-erotic », dit-il, avec des sous catégories : « pink fetish », « dark pink », « Kawaii »… En tout cas, c’est l’image d’une fille en plein combat que je tiens à montrer, un combat pour une nouvelle place, un combat contre les codes, les clichés, un combat d’affirmation d’une féminité gaie et combative…”.
Il a exposé dans toute la France et à Houston.
EMMANUEL MOTTU
Né le 15 février 1969 à Genève
Peintre, vidéaste, styliste et graphiste suisse, Emmanuel Mottu fabrique dans son atelier de Genève des paravents inspirés d’estampes érotiques, des livres qui se déplient en trois dimensions, des armures de samourai qu’il confectionne à partir de morceaux de pneus et des meubles proches de l’éventail. Il coud, il cloue, il colle des oeuvres-objets souvent dotées de doubles-fonds, proches de ces théâtres de poche dont le décor en trompe-l’oeil peut s’installer n’importe où… Son univers est celui des illusions. Les femmes qui en occupent le premier plan vous fixent d’un oeil énigmatique, telles des sphynx gardant l’entrée d’une réalité parallèle. Leur corps est fait de morceaux empruntés à des dizaines d’autres femmes, dont les photos et les dessins, photocopiés, découpés, agrandis ou réduits forment un invisible rébus. Emmanuel colle ces pièces détachées de seins, de hanche ou de visage, pour en faire des icônes séductrices. Puis, il les pose sur fond de fin de monde, d’architectures inquiétantes ou de mécanismes d’horlogerie. Le mystère règne sur son oeuvre prolifique. Emmanuel Mottu a exposé en Suisse, en Belgique, en France, collaboré à des défilés de mode ou des “tableaux-fresques” et créé un bar à nouilles rock alternatif. Il pratique le sabre japonais depuis 1987.