Mardi 8 novembre : j’interviens sur des sprays d’utérus de « grande soeur » lors de la journée d’études «Parfums et odeurs. Une approche pluridisciplinaire», organisée par le laboratoire Chine Corée Japon (CCJ) et le Centre d’Études de l’Inde et de l’Asie du Sud (CEIAS).
Cette journée s’inscrit dans le champ relativement nouveau des études culturelles et sociales liées à l’odorat. Elle est organisée par Tiziana LEUCCI (CEIAS) et Frédéric OBRINGER (CCJ).
Mon intervention s’intitule : «Quelle est l’odeur d’une “belle jeune fille innocente” ? Les parfums pour jouets sexuels au Japon»
Résumé : Au Japon, quatre entreprises produisent des parfums destinés non pas aux humains mais aux objets vendus comme partenaire sentimental et/ou sexuel. Ces parfums ont fait leur apparition il y a moins de dix ans sur le marché des jouets pour adultes. Leur succès est tel qu’il se compte maintenant plus d’une centaine de produits, aux déclinaisons multiples : cela va du « lubrifiant d’amour » imitant les « sécrétions d’une jeune fille célibataire » (o-jô-sama no ai-eki no nyoi tsuki rabu roshion, お嬢様の愛液 匂い付きラブローション) à « l’essence de culotte maculée » (pantsu no shimi eki, パンツのシミ液). Certaines odeurs en spray sont spécifiquement destinées à la partie supérieur du corps de la poupée, par opposition à la partie inférieure, en augmentant ce que les argumentaires commerciaux nomment « l’effet de réalisme » d’un scénario érotique. D’autres – ciblant des zones plus spécifiques comme la tête, les seins, les aisselles, les pieds, les orifices – permettent de respirer tantôt l’odeur de ses cheveux, tantôt le parfum du lait maternel « délicieux et tendre ». Avec le souci du détail, certains producteurs destinent les parfums aux vêtements des jouets sexuels : il existe donc des parfums, au choix, d’uniformes scolaires, de string, de culotte en satin rose ou de culotte en coton blanc, qui se déclinent eux-mêmes en sous-catégories de parfums aux odeurs modifiées par la personnalité de la femme imaginaire qui le porte… Reste à savoir ce que sentent réellement ces produits. Sachant que le Japon est, parmi les pays riches, celui qui consomme le moins de parfums, cette enquête a pour ambition de comprendre la valeur accordée aux odeurs dans une culture qui les traque et les stigmatise. Dans quelles conditions les parfums sont-ils acceptables au Japon ? Suivant quels critères sont-ils conçus ?
Horaires : 09h30-17h30
Lieux : EHESS (salle 638) – 190-198, avenue de France 75013 Paris.
À télécharger : Programme détaillé et résumés