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Lauréate d’une bourse MIRA de l’Institut Français

L’Institut Français vient de révéler la liste des lauréats pour le programme MIRA (Mobilité Internationale de Recherche Artistique) : victoire ! Je fais partie des 15 heureux élus en section Littérature. Cette bourse de terrain au Japon me permettra d’achever un livre intitulé Impossible d’aimer (titre prévisionnel).

MiraLe projet s’appuie sur une enquête ethnographique portant sur un aspect singulier de la culture contemporaine japonaise : l’essor des boyfriends fictifs et des fiancées virtuelles. Comment comprendre que des millions d’hommes et de femmes affirment aimer un personnage de fiction ? Initiée en 2018, l’enquête m’a permis d’accumuler un grand nombre de témoignages. L’écriture du livre a déjà commencé mais nécessite un séjour au Japon pour rencontrer les nouveaux acteurs du mouvement et surtout prendre la mesure de l’énorme impact de la pandémie sur ce mouvement de dissidence. Mon objectif sera par ailleurs de demander aux « adeptes » le droit de reproduire leurs photos de mariage avec leur partenaire fictif et de documenter leur vie de couple. Je compte également monter des collaborations avec les artistes qui s’inspirent de cette contre-culture. Déjà sur le départ, remplie de gratitude pour l’Institut Français, à qui je dois déjà ce tournant décisif dans ma vie que fut le séjour de recherche à la Villa Kujoyama.

Mai 2024 : publication au Brésil

Christine Greiner – enseignante à l’Université catholique de Sao Paulo (Département d’Art) – a fait traduire en Portugais un de mes articles pour un ouvrage collectif sur le thème des performances corporelles. Le livre, format PDF, est maintenant disponible gratuitement en ligne sur un site dédié : Transcriações entre Japão e Ocidente (« Transcriptions Japon-Occident »). Mon article parle des love dolls en tant que prothèses sentimentales. Surprise : il est précédé par une géniale enquête consacrée à l’entreprise japonaise ningenlovedoll.com (une fausse usine de « poupées d’amour humaines“) créée par une femme artiste d’Osaka, LEiYa Arata (ci-dessous à gauche), qui offre aux clients – souvent des hommes – la possibilité de se métamorphoser en ersatz de silicone. L’article est signé par la chercheuse Beatriz Yumi Aoki, qu’on voit ici sur la photo, à droite. A suivre.

Beatriz-Aoki

29 mai : conférence au Musée d’Allard

Dans la ville de Montbrison, le Musée d’Allard abrite une extraordinaire collection de curiosités mais surtout de poupées dites « vivantes », qui furent la spécialité de la célèbre firme locale, Gégé, créée en 1933 par Germain Giroud. Ces poupées ont des yeux riboulants (qui bougent selon l’inclinaison) avec un mécanisme de balancier, ou des yeux Coucou (qui vous suivent du regard, suivant un système breveté en 1959), elles sont dotées de microphones avec des voix enregistrées (beaucoup de voix étaient celles des écolières de Montbrison) et parfois même elles marchent. C’est dans ce Musée unique, singulier, que j’ai eu la chance de pouvoir parler des love dolls, lors d’une conférence qui rebondissait sur l’exposition « Poupée n’est pas jouer ». Si jamais vous passez dans la région, ne ratez pas l’occasion d’une visite

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Allard-GIARD

Love is in the Air – Publication académique au Japon

Au Japon, par allusion à l’Air Guitar, les médias ont inventé l’expression « Air Amour » (se mettre en couple avec un personnage fictif). En juin 2022, j’avais fait une intervention sur ce thème à l’Université Shirayuri, Tôkyô, lors du séminaire dirigé par le Professeur de littérature japonaise Inoue Takashi. Il m’a proposé d’écrire un article posant la question : à quoi rime d’accomplir dans le vide les rituels sociaux de la romance ?

Photo le 27-05-2024 à 16.18 #2Aujourd’hui, victoire. Je reçois plusieurs exemplaires du livre – Aurion series n°22 – publié par l’Université Shirayuri, à l’initiative de Prof. Inoue. Le livre s’intitule « La littérature japonaise comme littérature mondiale » (Sekai bungaku to shite no Nihon bungaku – 世界文学としての日本文学). Il compile des travaux de chercheurs japonais et j’ai l’honneur d’y figurer avec cet article : « Love is in the Air. Romance and Participatory Culture in Japan » (traduit : Ea ren’ai. Nihon no sanka-gata ren’ai bunka).

Février 2024 : Reportages de Martin Weill sur le Japon

Le 7 février 2024, sur TF1, je participe à l’émission Les Reportages de Martin Weill, qui consacre une enquête en deux volets au fossé des générations qui scinde la société japonaise : les « vieux » accusent les « jeunes » de précipter leur nation dans l’extinction. L’émission s’intitule « Japon : le péril jeune » et aborde la question de savoir pourquoi les « jeunes » ne se marient plus (ce qui accélère la dénatalité), pourquoi certains se proclament « herbivores », d’où provient leur désaffection vis-à-vis du modèle matrimonial, etc. L’émission a été diffusée le 7 février 2024, mais elle reste visible en ligne pendant au moins un an, ici (partie 1) et ici (partie 2). Etaient également invités Aline Henninger (Université d’Orléans), César Castellvi (Université Paris Cité) et Emil Pacha Valencia (rédacteur en chef de Tempura), entre autres.

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Nintendo, la plus riche entreprise japonaise !?

Dans un article de Tōyō Keizai du 5 février 2024, la nouvelle tombe. S’il faut en croire la célèbre revue spécialisée en économie, qui a effectué le calcul en faisant la balance de la trésorerie nette et de la dette de 300 compagnies, classées dans l’ordre décroissant… Nintendo serait l’entreprise la plus riche du Japon ! Je consacre un billet sur le carnet de la Revue Hermes à cette nouvelle ahurissante. En tout 8 producteurs de jeux vidéo occupent le Top 100 des entreprises japonaises les plus florissantes.

Toyo Keizai

Erobotique, ou le tour de passe-passe – France Inter

« Erobotique » ou comment faire passer des love dolls pour des robots. J’étais invitée à Zoom Zoom Zen, ce 5 avril sur France Inter pour parler de la façon dont certaines compagnies spécialisées dans les poupées pour adultes font mine d’être « à la pointe » des technologies alors qu’elles recyclent des astuces empruntées à l’univers des marionnettes ou des effets spéciaux de cinéma.
Les love dolls de la firme Real Doll, par exemple, sont équipées de petits moteurs qui font bouger la peau tendue de leur visage. Le mouvement de leur bouche est synchronisé avec des phrases pré-enregistrées. Les modèles sont équipés d’un vagin vibrant. En 2017, la version masculine, Henri possédait un pénis prétendument « bionique » (un gode vibrant, donc).
De s0n côté, la firme chinoise DS Doll Robotic produit des poupées dont le visage et les membres sont téléopérés à distance, c’est-à-dire que leurs mannequins bougent en animatronique, une technique mise au point le film Gremlins.
L’ingénieur espagnol Sergi Santos a, pour sa part, installé 11 capteurs sur sa love doll de silicone (Samantha) : sur les seins, les mains, le visage, la vulve. Quand on les touche, cela déclenche des bruits pré-enregistrés, qui sortent d’un haut parleur (dissimulé dans la poupée).
On est très proche des poupées phonographes de Thomas Edison (1890), les fameuses « poupées parlantes » qui n’ont obtenu aucun succès d’ailleurs car elles terrorisaient les enfants avec leurs voix doutre-tombe.
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20 nov. 2023 : Les interfaces romantiques au Japon

Lundi 20 novembre, j’interviens dans le cadre du séminaire « La fabrique de l’amour » organisé par Guillaume Rozenberg à l’Université de Toulouse.

Titre de mon intervention : Interfaces romantiques au Japon – Les rencontres assistées par ordinateur

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Résumé : Au Japon, le nombre de mariages n’a jamais été aussi bas depuis la seconde guerre mondiale, raison pour laquelle de nombreux ingénieurs proposent des solutions techniques visant à faciliter les rencontres amoureuses : logiciels de drague, détecteur d’incendie émotionnel, robot d’intercession matrimoniale, etc. Les dispositifs qu’ils élaborent présentent pour caractéristique de se substituer aux personnes qu’ils sont censés rapprocher. Sciemment conçues pour parler à la place des humains ou pour servir de filtre, ces interfaces romantiques s’inscrivent à rebours d’une idée bien ancrée selon laquelle, pour « nouer des liens », il est nécessaire de se distinguer, de faire la pavane ou son équivalent : de mettre en avant sa personnalité. Au Japon, les tenants de la rencontre assistée par ordinateur défendent l’idée qu’il est plus facile de tomber amoureux en laissant une machine parler à votre place. Démonstration à l’appui.

Interview Radio France: les amours contrariées au Japon

CulturesMondeEntretien de 15 minutes (en podcast ici, à partir de 37′) avec Julie Gacon sur les relations amoureuses au Japon, dans le cadre d’une émission – Cultures Monde – intitulée « Chine, Japon, l’amour hors de prix ». « En Chine et au Japon, beaucoup de jeunes à renoncent au mariage par manque de moyens. La pression familiale est pourtant toujours très forte, en particulier sur les femmes. Comment faire quand on ne peut pas, ou quand on ne veut pas devenir une épouse et une mère de famille ? L’occasion d’expliquer pourquoi toute une industrie des partenaires fictifs s’est développée au Japon…
J’interviens aux côtés de : Jean-Baptiste Pettier Professeur d’anthropologie de l’Asie orientale (université Friedrich Alexander d’Erlangen Nuremberg) et Catherine Capdeville-Zeng, anthropologue et sinologue, professeur au département d’études chinoises de l’Inalco, tous deux interrogés sur la Chine.

20 juin 2023 : Les rituels funéraires pour personnages au Japon

Mardi 20 juin 2023, dans le cadre d’une journée d’études « Histoire Spectrale » à l’Université de Genève, j’interviens sur le thème « Faire le deuil d’un bien-aimé fictif. Les rituels funéraires pour personnages au Japon« .

Résumé : Au Japon, de nombreuses apps permettent aux femmes et aux hommes d’entretenir une liaison amoureuse avec un personnage. Quand le jeu est débranché (retiré du cloud), les personnes qui l’utilisent perdent leur bien-aimé-e. Le choc causé par cette perte est couramment désigné comme un traumatisme qui « causerait parfois plus de douleur que la mort d’un proche. ». Craignant d’être hanté-es par le personnage mort – poursuivi-es par son fantôme – certains fans organisent des cérémonies d’adieux inspirées du bouddhisme. D’autres cherchent à maintenir le personnage en vie, refusant de couper le lien. En m’appuyant sur des témoignages de personnes se désignant comme veuf-veuve, sur des cas de rituels funèbres et sur les discours des adeptes qui nient la disparition de leur bien-aimé-e numérique, j’aimerais montrer que la mort du personnage se fait l’enjeu de stratégies visant sciemment à brouiller la distinction entre réel et fiction. Dans quels buts ?

La journée « Histoire Spectrale » est organisée par le chercheur Youri Volokhine (Unige – Unité d’Histoire et d’Anthropologie des Religions) et la doctorante Elise Coignet, le 20 juin 2023, de 9h30 à 17h en Salle Colladon (2 rue Jean-Daniel Colladon, Genève, Suisse). histoire spectraleEntrée libre.

« Ce séminaire doctoral en histoire et anthropologie des religions se positionne à la croisée des disciplines, qui partage, avec leurs méthodes spécifiques, des questionnements sur des thématiques analogues. Il y a plusieurs années déjà, on a observé l’émergence d’un champ disciplinaire que l’on a pu qualifier de « Hantologie ». Aussi bien en histoire, en anthropologie, en littérature, en histoire de l’art ou en musicologie, l’étude des phénomènes de récurrences et de leurs bagages est apparue comme nécessaire à une approche contemporaine de l’imaginaire. Ce champ qui accueille toute personne intéressée par “l’inquiétante étrangeté” ( le Unheimlich de Freud) est large et idéale pour susciter des questions connexes. »

Avec :

  • Youri VOLOKHINE (Unige) : Histoires de poussières et de sang
  • Florence GALMICHE (Université Paris Cité, laboratoire Chine, Corée, Japon/EHESS, CNRS, UPCité/ Paris) : Histoire des fantômes coréens.
  • Bertrand BACQUÉ (HEAD, Genève) : Cinéma, là où les morts revivent !