Vendredi 9 décembre, j’interviens à l’EHESS sur le thème : « On achève bien les persos. La mort des partenaires numériques au Japon ». Cette intervention a lieu dans le cadre d’une journée d’étude FFJ-Air Liquide intitulée « Les robots peuvent-ils mourir ? », organisée par Fabio Gygi qui m’invite, en la compagnie de Paul Dumouchel, Denis Vidal et Joffrey Becker à réfléchir sur le techno-animisme au Japon.
Résumé : Parmi les jeux vidéo japonais les plus populaires des années 2010-2020, certains permettent aux femmes et aux hommes d’entretenir une liaison sentimentale avec un personnage numérique. Quand le jeu est débranché (son service en ligne définitivement clos), les personnes qui l’utilisent doivent affronter la perspective de perdre leur bien-aimé-e. Le choc causé par cette perte est couramment désigné comme un traumatisme qui « causerait parfois plus de douleur que la mort d’un proche », soit « jusqu’à trois ans de deuil », sinon plus. Sur le moteur de recherche Google en japonais, l’expression « mort du perso aimé » (oshi no shi) fait apparaître automatiquement les mots-clés : « dépression » (utsu), « inacceptable » (uke-irerarenai) et « comment faire face » (taishobō). Raison pour laquelle les compagnies japonaises ne mettent pas fin aux jeux sans précaution : certaines organisent des cérémonies d’adieux afin que les fans puissent couper le lien. En m’appuyant sur des témoignages de joueuses ayant perdu leur bien-aimé numérique, sur des entretiens menés dans les compagnies productrices de jeu et sur les discours des adeptes en réseau, j’aimerais montrer que la mort du personnage de synthèse se fait l’enjeu de stratégies visant sciemment à brouiller la distinction entre réel et fiction. Par quels moyens ? Dans quels buts ?
Vendredi 9 décembre, de 13h à 17h. Evénement en distanciel.
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